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La vie après le pétrole 4

Rat des villes et rat des champs 
 
Il convient alors de distinguer le scénario selon que l’on est citadin ou campagnard
 
Le premier - le citadin - sera fort dépourvu par la disparition de tout ce qui permet de vivre en ville. Et il devra certainement très vite envisager de - faute d’eau potable (pompes et épuration s’arrêtent) et faute aussi de nourriture (plus de camions pour l’approvisionnement, ni de production agricole) - la quitter. En cas de panique, pour vider les magasins une journée suffit. 
 
Le second – le campagnard - sera dans la même situation, sauf qu’il n’aura peut-être pas besoin de «déménager» s’il se trouve dans un village pas trop important, de sorte que les terres autour soient suffisantes et facilement accessibles pour en vivre. 
 
Mais à quoi doit penser le citadin qui s’intéresse à la fin du pétrole? 
Une très petite densité de population reste possible en ville (si l’on a une source d’eau potable) dans la mesure où quelques-uns arriveront à organiser une autarcie au moyen des stocks de matériels qu’ils pourront trouver dans les magasins, et à condition par la suite ils puissent mettre en culture les gazons et places publiques, les zones vertes et les bordures des autoroutes (désertes), par exemple. Encore faut-il disposer de l’outillage et des semences nécessaires, et que de telles plantations ne soient pas pillées ou détruites avant de pouvoir avoir pu les récolter… 
Mais la grande majorité des citadins devra probablement quitter la ville pour aller émigrer vers les campagnes, dans le but d’y trouver des ressources. 
L’on peut, dès maintenant, virtuellement, essayer de passer en revue les différentes destinations que l’on pourrait prendre, le moment venu, avec quels bagages et par quels moyens… 
 
Où aller? 
 
Quelles sont dans ce cas les destinations envisageables:  
La parenté: Si l’on a des parents à la campagne, l’on peut envisager de se rendre chez eux. Il faudra, bien sûr, résoudre les problèmes d’entente et de promiscuité engendrés par la venue de ces parents de la ville, désireux de s’installer probablement pour un moment, si ce n’est définitivement… Il faudra ensemble trouver les moyens de subvenir aux besoins de tous. Mais cela se fera, de toutes façons, à l’échelle de tout le village, car c’est une vraie opération de survie qui va devoir s’organiser, tous ensemble… Les villages seront aussi coupés du monde pour ce qui est de tous les approvisionnements et moyens de communication.  
Les «connaissances» de la campagne: Des amis à la campagne? Ils peuvent aussi être une destination, un peu comme le serait la parenté. Avec bien entendu les mêmes problèmes à résoudre.  
D’anciens lieux de vacances: Sauf s’ils sont trop éloignés, ce qui est le plus souvent le cas à l’ère de la voiture; mais l’on peut avoir connaissance d’endroits ou de sites qui seraient en fait des lieux de {sur}vie campagnards, pas trop lointains: la présence d’eau potable et de terres à cultiver sont les premières conditions qui doivent être réunies pour un tel lieu de {sur}vie. Une migration peut éventuellement s’envisager sur plusieurs jours.  
Direction la campagne, au hasard: Ce sera probablement le sort de la plupart des citadins; en raison des capacités de déplacements réduites – l’essentiel se faisant certainement à pied – ce sont les villages environnant les villes qui verront affluer le plus grand nombre de personnes. Bien entendu ces voyageurs migrants pourront, au cours des jours suivants, poursuivre leur route pour aller plus loin. Les villages de banlieues surpeuplés n’arriveront pas à satisfaire les besoins, de sorte que nécessairement il vaudra étaler l’émigration… Il se posera toutefois de gros problèmes d’intendance…, car l’on ne marche pas l’estomac vide, le dos chargé, si l’on est un citadin pas du tout habitué à ce type d’efforts. 
Au final, il faudrait que la population se répartisse en fonction des terres arables disponibles dans le pays : une plus forte concentration est possible là où la terre est vaste et bonne à cultiver (ce qui est souvent le cas aux alentours des villes); mais cela se fera, sans doute, spontanément. 
 
Distances et moyens de transport
 
La destination campagne sera probablement limitée à un petit rayon en raison du problème posé par l’absence de moyens de déplacement: automobiles et transports en commun seront définitivement en panne sèche, les bicyclettes modernes ne sont pas équipées pour porter de lourdes charges sur de grandes distances, absence de charrettes et poussettes. Restent les pieds …, mais à pied l’on ne peut pas emporter beaucoup de matériel.  
L’on pourrait envisager un exode motorisé, au moyen des automobiles, dans la mesure où les réservoirs contiennent un dernier plein: cela implique cependant qu’en raison de la pénurie le réservoir n’ait pas été siphonné (le contenu volé), que l’on ne se fasse pas pirater en cours de route, et enfin cela limite l’exode automobile à la distance que l’on peut parcourir avec le contenu du réservoir. Cela aurait le gros avantage de pouvoir emporter plus de biens utiles, et d’être moins épuisant. 
 
Qui emmener
 
Çà peut paraître bizarre et inquiétant comme question, mais il est préférable de ne pas se voiler la face: il y aura des problèmes dramatiques s’il y a à emmener des enfants en bas-âge et de vieilles personnes, surtout si elles sont quasiment impotentes, alors que tout le monde doit partir à pied pour trouver à boire et à manger. Et les animaux domestiques (il y aura des problèmes pour leur alimentation et leur promiscuité) … chien, chat, çà peut encore aller, mais cela se complique sérieusement si l’on veut, encore en plus, emmener en plus les poissons, les souris blanches, le perroquet, les perruches, le hamster et le cobaye.  
 
Quoi emporter
 
Il faudra essayer d’emporter un maximum de choses indispensables à la survie: effets vestimentaires chauds (même en été, en prévision de l'hiver) et couchage, chaussures et bottes… (les chaussants poseront un gros problème dans le futur…) 
Simplement parce qu’après le pétrole il ne sera plus possible d’aller acheter quoi que ce soit – puisqu’il n’y aura plus ni commerce ni production ou acheminement d’une production quelconque… Il faudra faire durer les vêtements le temps de pouvoir soi-même en fabriquer… Et, pour cela, il faudra envisager l’élevage et la tonte de moutons (ensuite le cardage, le filage, le tricot ou le tissage) ou la culture de fibres textiles (en plus des indispensables cultures vivrières) et là aussi, la préparation de ces fibres puis filage et tissage ou tricot… N’oublions pas que la situation est définitive et que le pétrole ne reviendra plus. Si l’on voulait entrer dans les détails – et ce serait utile – il faudrait, par exemple, songer à emporter les diverses paires de lunettes que l’on a dans les tiroirs, car l’on ne pourra en fabriquer de si tôt, etc… L’on peut aussi se poser la question des prisons: L’on ne peut décemment pas laisser mourir de faim et de soif les prisonniers et il faudra donc leur ouvrir les portes pour les remettre en liberté… Peut-être, avec ces nouvelles conditions de survie, pour quelques-uns, fortement interpellés par ce qu’ils verront, ce sera l’occasion d’un autre état d’esprit et d’une nouvelle vie plus digne, mais il faudra s’attendre à ce que la «mauvaise graine» lutte aussi pour sa propre survie sans aucun égard pour son prochain… Les hôpitaux seront aussi désertés avec les conséquences que cela implique. 
 
Et le campagnard? 
 
Il ne sera pas beaucoup mieux loti que le citadin, car lui non plus n’aura plus ni eau ni électricité ni approvisionnement d’aucune sorte. Nous serons tous ensemble des Robinson Crusoé sur notre île déserte, et devrons nécessairement nous entendre si nous ne voulons pas mourir de faim, de froid ou de conflits… 
L’habitant de la campagne aura néanmoins le gros avantage d’être déjà «sur place» pour pouvoir travailler la terre (voir aussi le «plan ORSEC» au niveau du village). 
Il pourra aussi, au moins dans un premier temps, chercher des plantes sauvages comestibles... 
Il n’aura pas besoin de faire ses bagages parce que son lieu de vie n’en est plus un (sauf, par exemple, dans les gros bourgs où, comme à la ville, il n’y aura pas moyen de trouver de l’eau potable,) Et si le citadin ne peut pas - faute de place et de moyen de transport pour emporter - stocker grand chose, le campagnard doit/peut d'autant plus prévoir. 
Plus il sera près d’une ville, plus il verra affluer rapidement une masse de personnes cherchant refuge et casse-croûte. Heureusement qu’en général les terres entourant les villes sont de bonne qualité agricole. Mais encore faut-il qu’elles ne soient pas trop dégradées par l’agriculture intensive, et que, selon la saison, (car il faudra peut-être passer l’année), l’on dispose quelque part de stocks suffisants d’aliments, même si ce sont des aliments pour le bétail… (ceux-ci pourraient servir à l’alimentation humaine en cas d’un risque de famine, qui n’est nullement à écarter). 
Les villageois ont donc tout intérêt à stocker un maximum de choses nécessaires à tous et qui, dans l’immédiat après-pétrole, ne seront plus réalisables... (il faudra, de façon désintéressée, partager les lieux et les biens avec les autres "naufragés"). Il n’y aura pas moyen de fabriquer des casseroles métalliques, du verre, des vêtements et de la literie (il n’y aura probablement plus d’énergie pour se chauffer et le bois devenu rare sera à réserver à la forge et la cuisine : d’ailleurs l’on ne pourra pas le couper facilement faute d’outils, et le bois vert ne brûle pas ou pas bien). Les outils agricoles et de jardin - à condition qu'ils soient solides - s’avéreront vitaux pour cultiver manuellement la terre en l’absence de tracteurs et de toutes autres machines. Il faut juste espérer trouver quelque part (en principe chez les rares agriculteurs) suffisamment de stocks de semences. Pour toutes ces raisons, il est aussi utile de connaître les plantes sauvages comestibles, et de s'exercer au jardinage des céréales, légumineuses, oléagineux, racines... (plutôt qu'aux fleurs exotiques ;-)) Apprendre à cultiver sans engrais chimiques ni produits de traitement, faire ses propres semences, car on ne pourra plus en acheter. Pour ceux qui ne sont pas {encore} passé à la «Bio», c’est, plus que jamais, le moment! 
 
Que stocker? 
 
Ce qu'il faut stocker? La liste serait longue (voir aussi à l'échelle du village), mais il faut réfléchir à ce dont on aura besoin de vital et que l'on ne pourra plus acheter ou fabriquer lorsque la société industrielle aura subitement cessé de fonctionner: tous les outils pour tous les artisanats (manuels, bien entendu), tous les outils agraires pour tous types de travaux agricoles, matériel manuel de sciage et de bucheronnage, y compris matériel pour l'entretien du matériel, par exemple limes et pinces à avoyer, un minimum – ou, mieux, un maximum! - de matériels du genre briquets, allumettes (sans pétrole l’on ne peut plus en fabriquer et en distribuer), bougies et/ou lampes à huile, un stock d'aliments (dont sel, huile) - un peu à la façon de ce qui se fait, dans les caves, en Suisse -, des semences en tout genre... certains aménagements seront indispensables : cuisinières à bois et tuyauterie correspondante..., à condition qu'il y ait un conduit de cheminée dans la maison..., etc..., etc... 
 
Le scénario de la fin du pétrole différera selon qu’il arrive au Printemps (en principe les semis de céréales sont faits), en Été (cela donne un petit répit pour s’organiser avant le froid), en Automne (les récoltes devront se faire manuellement), ou en Hiver (s’il doit se produire un exode urbain à ce moment-là, çà risque d’être la période la plus dure …) Et il conviendrait, là, d’étudier chaque cas « saisonnier », mais c’est plutôt du ressort de la collectivité villageoise. 
Le « plan ORSEC après-pétrole » au niveau du village demanderait donc à être affiné en fonction des saisons... Les volontaires pour y co-réfléchir sont les bienvenus... Ce plan devra aussi tenir compte des situations diverses, propres à chaque village, comme il en est parlé dans la rubrique « Un plan ORSEC au niveau de chaque village ». Mais, à ce niveau là, ce ne sont que les personnes sur place qui peuvent faire d’efficaces projets préventifs. À bon entendeur… 
 
L’état d’esprit
 
Il est important de tenir compte de l’état d’esprit. La fin du pétrole et la fin de la société moderne entraîneront, dans les esprits, un choc psychique difficilement imaginable tant que nous baignons encore dans le monde moderne. L’on n’arrive pas bien à se rendre compte de ce qui va se passer dans notre tête et dans celle des gens lorsque nous remarquerons que nous serons comme Robinson Crusoé – à tout jamais – car il n’y aura pas un bateau vers la société moderne – livrés à nous-mêmes sur notre continent certes hospitalier, mais d’où ont disparu tous les moyens et artifices possibles grâce au pétrole, c’est à dire tout ce qui permettait jusqu’alors une vie quotidienne relativement facile… 
L’on peut espérer, sans en être assuré, qu’il naîtra une solidarité nouvelle et suffisante du fait que nous deviendrons conscients que nous sommes tous sur le même bateau et que de notre entente, de notre organisation et de notre travail commun dépendra notre survie ou notre mort… 
Ceci est la première étape à envisager pour la fin du pétrole: le chaos et l’organisation en urgence de la survie de tout le monde. L’étape suivante sera celle d’une organisation durable et équilibrée de la vie quotidienne : elle devrait, à terme, déboucher sur un certain confort et une certaine aisance pour tous et il n’y a aucune raison pour que la société humaine de l’après-pétrole ne soit pas au moins aussi agréable que celle des milliers d’années qui ont précédé notre siècle de fêtards dispendieux… 
Mais c’est là le chapitre suivant… L’on peut, toutefois, se rassurer en se disant que l’être humain s’est passé de pétrole pendant des milliers d’années – et il a très bien vécu se permettant même un luxe de monuments et batailles –, le pétrole c’est juste un siècle d’histoire, mais cela nous impressionne parce que nous sommes « tombés dedans étant petits » et nous n’avons pas connu autre chose. Un enfant né après le pétrole trouvera tout naturel de ne pas en avoir et sourira lorsque nous lui raconterons le monde passé…

 

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Modifié en dernier lieu le 17.10.2005
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